La Bataille au Fort de Vaux

C’est le 7 mars que le fort de Vaux commença d’être systématiquement bombardé.
« Durant 8 heures, sans arrêt, une averse de projectile s’abattit sur le fort. Il y avait de tous calibres, du 77 au 380 en passant par les 105 et 210. Ces obus, à certains moments tombaient à la cadence de six par minute. Les soldats semblaient vivre au milieu d’une effroyable tempête.

Dans la nuit du 7 au 8 mars, le bombardement se ralentit. Mais le 8 au matin, il reprit de plus belle. Sans cesse, le souffle des gros obus culbutait les blindages. »

Sans répit, les bombardements se poursuivirent et les attaquent se succédèrent.

Le 24 mai 1916, le commandant RAYNAL prend le commandement du Fort de VAUX.

« Nous partons. Jamais, depuis le commencement de la campagne, je n’avais jamais vu un tel déluge d’obus. On a essayé de réparer le boyau pendant la nuit : peine perdue ; il est déjà éboulé. A demi cachés sous la terre, des fantassins sont demeurés là dans l’attitude où la mort les a surpris. Ils serrent dans leurs mains de cire, marbrées de taches de sang, leur pelle ou leur pioche. Ils vous regardent avec des yeux démesurément ouverts. Plus nous approchons du fort, plus le sol bout sous le crépitement des éclats… Quand nous pénétrons dans l’entrée, nous pourrions tordre nos chemises, tellement nous avons chaud. »

Après quelques combats, les retranchements R2 et R3 tombent aux mains des Allemands qui s’avancent dans le bois Fumin pour aborder le fort par l’ouest. Le R1 tombe le 1 juin.

Le 2 juin, à 2 h 15 du matin, l’attaque allemande se déclenche et fait céder, sous sa puissante poussée la 7éme compagnie du 101é qui occupe la tranchée de Besançon à gauche du Fort de Vaux; les survivants se replient dans le fort dont ils défendent l’entrée. L’ennemi peut alors longer le fossé nord et prendre à revers la compagnie qui occupe la tranchée à droite du fort.

La même attaque s’était produite par vagues successives sur la tranchée de Belfort. Les allemands ont profité d’un brouillard épais pour couvrir leur avance. Le village de Damloup tombe aussi.

Le fort de Vaux encerclé, Damloup tombé, les militaires français se trouvent complètement isolé de toutes troupes. Autour du fort, les hommes se battent sans relâche.

« A la hâte, sous la protection des grenadiers qui continuent à lancer des grenades, nous établissons à travers du couloir un barrage avec les havresacs qui se trouvent dans l’escalier. Les allemands étaient dehors, dans nos anciennes tranchées, à trois mètres de nos anciennes positions, sans oser pénétrer dans le fort. A la suite de ces renseignements, ordre est donné d’avancer le barrage jusqu’à l’entrée du fort. Mais les allemands lancent des bombes, nous forçant à nous replier. A la faveur de l’obscurité, les allemands arrivent à faire sauter le premier barrage et alors avec l’aide de toutes sortes de procédés (liquides enflammés, tubes à charbon et coaltar,…) s’attaque au deuxième barrage. »

Le 3 juin, vers 6 heures du matin, un ordre du Q.G. stipule que le fort doit être repris coûte que coûte.

Dans le fort, pour renouveler l’air, il y avait deux ventilateurs, mais ces appareils, très vieux, furent bientôt hors d’usage. La température monte.

« Tout le monde cherche un peu de fraîcheur contre les dalles ou contre les murs. Hélas ! la pierre est chaude. Les yeux brillent de fièvre, et l’on n’a pas touché qu’un quart d’eau depuis 24 heures. »

Le 4 juin, le commandant décide de laisser quelques hommes dans le fort et que les autres devront quitter le fort avant l’aube. Ces neufs hommes arrivent à s’échapper et sont félicités. L’aspirant Buffet, un des neuf, explique la situation au fort et accepte sans sourciller de retourner faire une communication urgente au commandant Raynal pour annoncer une contre-attaque.

« Au poste de commandement, on tient conseil de guerre. Tous les officiers valides sont là. En me reconnaissant le commandant Raynal pousse un cri de joie et me serre dans ses bras. Hélas, la contre-attaque dont j’expose le mécanisme et les effectifs parait à tous insuffisante à première vue. Mais, aide-toi et le ciel t’aidera, et chacun va préparer sa troupe pour la lutte. »

Le 5 juin au matin, au lieu des soldats français venant à la contre-attaque, ce sont les allemands qui continuent leur investissement.

Le soir du 5, le commandant Raynal envoie par pigeon voyageur un message pressant pour signaler qu’il croit toucher aux bouts de ses forces. La soif torture les malheureux compagnons de Raynal.

Distributions d’eau : 1 juin : néant, 2 juin : 1 litre, 3 juin : 3/4 litre, 4 juin : néant, 5 juin : 1/2 litre, 6 juin : néant.

Dans la journée du 6, la coupole blindée du fort est éventrée. A 9 heures du soir, le général du chef se fait entendre : le commandant Raynal est nommé dans le communiqué officiel des opérations de guerre et est fait commandeur de la Légion d’honneur pour « sa magnifique défense contre les assauts répétés de l’ennemi.

Dans la nuit du 6 au 7, le sous-lieutenant Fargues a fait l’effort pour parlementer avec les allemands. Le jour arrive sans aucune réponse. Vers 6 heures du matin, un lieutenant allemand est introduit à l’intérieur auprès du commandant Raynal. Toutes les conditions étant acceptées et signées, il faut évacuer la place.

Les hommes déposent leurs armes, bien des larmes coulent, pas un mot, un silence de mort plane sur ce morceau de France. L’ennemi présente les armes et puis, bien lentement, les héros du fort de Vaux descendent vers l’exil.

« L’évacuation se fit par la brèche nord-ouest. Aux pieds des pentes du fort, la plaine marécageuse et les tro